lundi 23 juillet 2012

LÊ HUY CÂN, une vie à hauteur d'homme


                                   
                Quiconque s’est intéressé au Vietnam, a voulu coopérer avec ce pays, lui apporter une assistance amicale ou tout simplement a eu besoin de s’informer et de comprendre, ne serait-ce que pour s’y rendre en dehors des sentiers battus, a nécessairement, à un moment ou à un autre, croisé le chemin de Lê Huy Cân, en particulier quand il s’agissait du centre, de Dong Hoi dont il était natif et de Hué qu’il aimait tant et où il semblait connaître tout le monde. Installé en France où il avait fait ses études à Supélec, fondé une famille et accédé à de hautes responsabilités d’ingénieur à EDF, il démontrait que l’on peut aimer deux pays dès lors qu’on les comprend de l’intérieur et que l’on agit pour en rapprocher les peuples. Cân le faisait à sa manière, aimable et souriant, attentif à chacun, prêt à aider avec discrétion et ne demandant jamais rien de personnel, si ce n’est pour faire aboutir un projet commun avec cette patiente impatience dont il savait faire montre. Sans doute cela tenait-il au fait que ses grandes capacités d’analyse ne se déployaient jamais de façon doctrinaire, marquées qu’elles étaient de la simplicité, de la modestie et de la sagesse bouddhiques.


                Je n’évoquerai pas les efforts inaboutis que nous avions consacrés ensemble, dans un passé désormais lointain, pour que la coopération bilatérale n’oublie pas le centre du Vietnam (agar-agar, limules, école professionnelle de Hué), mais soulignerai volontiers qu’il ne limitait pas son intérêt aux sciences et aux techniques, qu’il savait promouvoir le festival de l’ancienne capitale impériale, la restauration de ses monuments, la richesse de sa culture, la qualité de ses artistes (Lê Ba Dang, Diem Phùng Thi). Dominique de Miscault pourrait apporter à ce propos de multiples témoignages. Son action, Cân la déployait principalement au sein de l’Association des amis de Hué dont il a été l’un des principaux animateurs, sans s’y borner le moins du monde : projets de coopération d’EDF (Codev), Fraternité chrétienne avec  le Vietnam, et bien d’autres. Il a constamment soutenu notre Association d’amitié franco-vietnamienne, participé à ses rencontres et colloques, sans peut-être que celle-ci ait fait suffisamment appel à ses compétences et prêté attention à ses conseils. Ses obsèques ont été célébrées au cimetière du Père Lachaise, puis en la pagode vietnamienne de Villebon-sur-Yvette, en présence de ses enfants et de ses si nombreux amis. Ses cendres et celles de son épouse seront rapatriées au tombeau des ancêtres à Dong Hoi. Lê Huy Cân a rejoint la Terre pure de l’Ouest. Ceux qui ont eu le privilège de le connaître continueront à entendre sa voix amicale et à s’inspirer de ses actions.


                                                 Patrice JORLAND
                          pour l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne

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