Quiconque s’est intéressé au Vietnam, a voulu coopérer avec ce pays, lui apporter une assistance amicale ou tout simplement a eu besoin de s’informer et de comprendre, ne serait-ce que pour s’y rendre en dehors des sentiers battus, a nécessairement, à un moment ou à un autre, croisé le chemin de Lê Huy Cân, en particulier quand il s’agissait du centre, de Dong Hoi dont il était natif et de Hué qu’il aimait tant et où il semblait connaître tout le monde. Installé en France où il avait fait ses études à Supélec, fondé une famille et accédé à de hautes responsabilités d’ingénieur à EDF, il démontrait que l’on peut aimer deux pays dès lors qu’on les comprend de l’intérieur et que l’on agit pour en rapprocher les peuples. Cân le faisait à sa manière, aimable et souriant, attentif à chacun, prêt à aider avec discrétion et ne demandant jamais rien de personnel, si ce n’est pour faire aboutir un projet commun avec cette patiente impatience dont il savait faire montre. Sans doute cela tenait-il au fait que ses grandes capacités d’analyse ne se déployaient jamais de façon doctrinaire, marquées qu’elles étaient de la simplicité, de la modestie et de la sagesse bouddhiques.
Je
n’évoquerai pas les efforts inaboutis que nous avions consacrés ensemble, dans
un passé désormais lointain, pour que la coopération bilatérale n’oublie pas le
centre du Vietnam (agar-agar, limules, école professionnelle de Hué), mais
soulignerai volontiers qu’il ne limitait pas son intérêt aux sciences et aux
techniques, qu’il savait promouvoir le festival de l’ancienne capitale impériale,
la restauration de ses monuments, la richesse de sa culture, la qualité de ses
artistes (Lê Ba Dang, Diem Phùng Thi). Dominique de Miscault pourrait apporter
à ce propos de multiples témoignages. Son action, Cân la déployait
principalement au sein de l’Association des amis de Hué dont il a été l’un des
principaux animateurs, sans s’y borner le moins du monde : projets de
coopération d’EDF (Codev), Fraternité chrétienne avec le Vietnam, et bien d’autres. Il a
constamment soutenu notre Association d’amitié franco-vietnamienne, participé à
ses rencontres et colloques, sans peut-être que celle-ci ait fait suffisamment
appel à ses compétences et prêté attention à ses conseils. Ses obsèques ont été
célébrées au cimetière du Père Lachaise, puis en la pagode vietnamienne de
Villebon-sur-Yvette, en présence de ses enfants et de ses si nombreux amis. Ses
cendres et celles de son épouse seront rapatriées au tombeau des ancêtres à
Dong Hoi. Lê Huy Cân a rejoint la Terre pure de l’Ouest. Ceux qui ont eu le
privilège de le connaître continueront à entendre sa voix amicale et à
s’inspirer de ses actions.
Patrice JORLAND
pour l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne
pour l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne
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