lundi 23 juillet 2012

Son parcours



QUEL FUT SON PARCOURS ?

Lê Huy Cân, ingénieur diplômé de l’école SUPELEC, entre à EDF en 1959. Il débute sa carrière place des Etats Unis à PARIS où était installé le Services Etudes de Réseaux des Etudes et Recherches. Il fera toute sa carrière dans ce service qui sera transféré dans les années 60 à CLAMART. Vietnamien, il avait été embauché à EDF en tant que "temporaire" et il devra attendre les années 80, époque où il obtient la nationalité française, pour être reconnu comme un agent EDF de plein droit. Il eut alors la fierté d'être traité comme tous ses collègues. L'instruction de son dossier de naturalisation avait été longue, peut-être à cause de son engagement indéfectible pour le VIETNAM. Mais il y a deux ou trois ans, il découvre que sa facture d'électricité est très élevée. Il s'en étonne auprès d'EDF et le service administratif lui répond qu'il n'est pas agent EDF ! Nous l'aiderons à retrouver ses droits et à cette occasion il me dira : "Tu te rends compte où je suis tombé, alors que lorsque je travaillais, j'ai reçu sur mon bureau une lettre provenant de l'étranger avec pour seule adresse "Monsieur Lê Huy Cân - EDF - France " ! "

Son domaine d'études était la planification des réseaux électriques à très haute tension de la région parisienne, c’est-à-dire ceux d’une zone allant de PARIS à ROUEN, AMIENS, REIMS, TROYES, ORLEANS et CHARTRES. Avec le temps, il en devint l'unique référence à EDF. Il connaissait tout de cette région. Pour chaque ligne, pour chaque poste, il pouvait retracer leur histoire technique, économique, environnementale et administrative ! De ce fait, il était devenu le conseiller incontournable et apprécié de tous, notamment de ceux chargés des travaux de construction des nombreux ouvrages qu'il avait fait décider. Travailleur solitaire, hyperactif, il avait un certain goût du secret. D'un grand sérieux, il était pointilleux à l'extrême, ce qui rendait parfois un peu difficile la compréhension de ses études, mais il savait emporter les décisions compte tenu de sa compétence. Et bien sûr, il ne fut jamais préoccupé par tout titre attaché à sa fonction.

A la fin de sa carrière, il étendit son activité au profit du VIETNAM, étant membre actif et infatigable de nombreuses associations franco-vietnamiennes. Il y fit notamment envoyer de vieux transformateurs et aida son pays à constituer une bibliothèque scientifique.

Après 32 ans de loyaux services à EDF, nous l'avons entouré pour fêter son départ en retraite à CLAMART le 29 mars 1991, jour du vendredi saint ! Qu’il était dur d’abandonner ses chères études ! Aussi a-t-il emporté des listings, notes, livres et autres documents qui sont stockés actuellement dans plusieurs caves et garages !


QUEL HOMME ETAIT-IL ?

Un homme extrêmement sympathique, très attentif à tous, au regard pétillant éclairé par sa générosité de tout instant, au visage animé par un éternel sourire ! Quiconque l'ayant côtoyé ne pouvait l'oublier quelque soit le contexte dans lequel il avait fait sa connaissance, que ce soit dans le cadre du travail, de celui des footings hebdomadaires dans la forêt de MEUDON ou pour l'aide précieuse qu'il donnait à ceux qui allaient en voyage au VIETNAM, ayant à coeur de leur faire découvrir le vrai visage de son pays.

L'une des marques de son caractère : discret sur sa personne et curieux sur celle des autres ! Son questionnement, toujours bienveillant, avait pour but de pouvoir ensuite s'enquérir des familles des uns et des autres ! Par contre, il était intarissable sur le VIETNAM et sur sa ville de HUÉ !

Doué d'une capacité de persuasion sans égale, il savait prendre harmonieusement l'ascendant dans tout domaine où il avait des compétences, et ce au bonheur de son auditoire. Ainsi, nous avions des cours d'anglais à CLAMART sous l'autorité d'un enseignant de grande réputation, mais lorsque Lê Huy Cân participait au cours, tout en n'étant pas un génie en anglais, c'est lui qui animait seul le cours !

Dans les années 60, époque où les rapports entre collègues étaient très codifiés, il était en avant garde pour sa génération car il appelait toujours ses collègues par leurs prénoms, cela provoquait l'étonnement de toutes les jeunes femmes ! De plus, il ne perdait pas une occasion de leur faire la bise, notamment à leurs fêtes et pour la bonne année. Grâce à sa fabuleuse mémoire, il connaissait les prénoms des conjoints et enfants de ses collègues et avait plaisir de prendre de leurs nouvelles régulièrement.

Il savait être aux petits soins des uns et des autres et cela avec la plus grande discrétion : que ce soit pour faire une collecte pour un agent qui a perdu l'argent de sa première paye, paye versée à l'époque en liquide, que ce soit pour ceux ou celles qui sont hospitalisés, qu'il connaisse ou non le malade, que ce soit pour ceux qu'il a aidés pour adopter des enfants vietnamiens, et même plus simplement avec sa pharmacie de bureau pour redonner force à l'un ou l'autre.

Pour lui, il considère qu'il n'a besoin de rien. Il portera longtemps un unique costume qui un jour sera remplacé par un très élégant costume en velours bleu, dont toutes ses collègues femmes lui firent compliment, ce qu’il appréciera beaucoup !

Animé par le désir d’aider les uns et les autres, de donner de lui-même, Lê Huy Cân était universellement connu à EDF car son aura rayonnait bien au delà de CLAMART ! Pendant plus de trente ans, il fut en quelque sorte l'agence de renseignements EDF au service de tous !

QUE DIRE EN FINAL ?

Avec le départ de notre ami Lê Huy Cân, nous perdons l'un des catalyseurs de l'amitié qui nous lie depuis longtemps, voire cinquante ans pour les plus anciens. Il faisait partie de toutes nos familles et nous étions l'une de ses familles : sa famille "EDF-Etudes de Réseaux".

C'est une cheville ouvrière qui nous a quittés et nous nous attacherons à être fidèles à toute la générosité dont il a su si bien nous démontrer l'importance. Il était certainement animé par la sage philosophie bouddhiste qu'il mettait en oeuvre à chaque instant, transcendant ainsi ses qualités professionnelles par une humanité extraordinaire.

Lê Huy Cân, en nous quittant, tu crées un vide immense dans ta famille "EDF-Etudes de Réseaux". Tu étais le témoin de notre "bon vieux temps".


Paul Maréchal, le 12 mai 2012
Hommage prononcé en la
Pagode Dhyanique Vietnamienne de Truc Lâm
Villebon sur Yvette - Yvelines

Son oeuvre

L'Association des Amis de Hué (association sans but lucratif) est créée depuis 1983, présidée depuis son origine par M. LE HUY Cân.
a entre autres :
- fait parrainer les enfants orphelins ou des enfants pauvres par des amis français et vietnamiens résidant à l'étranger
- aidé à la création et au fonctionnement, dans les quartiers pauvres, de crèches et de biliothèques-ludothèques
- contribué à la restauration et la valorisation du Temple de la Littérature (Van Thanh)
- motivé et aidé des étudiants de grandes écoles et des scouts à s'engager à faire des actions humanitaires à la ville de Hué (le guide du Routard a signalé cette activité depuis plusieurs années dans la rubrique "les adresses utiles"de l'édition 2008)
- contribué à la création de l'Association des villes moyennes au Vietnam (dont le Maire de Hué était président dès le début et pendant de longues années)
- contribué à la création du Festival de Hué,
- contribué à l'inscription de la Ville de Hué sur la liste du Patrimoine Mondial de l'UNESCO,
- contribué à l'adhésion de Hué dans l'Association des Maires francophones
- contribué au soutien de Hué par le Conseil Régional du Nord Pas de Calais, la ville de Rennes, le CCFD, le Secours Populaire, le Conseil de l'Europe, la Fraternité Chrétienne avec le Vietnam, le Laos et le Cambodge
- contribué à la création du CODEV-VIET-PHAP
- L'Association a également aidé des artistes vietnamiens à venir manifester à Paris et en Province (les peintres BUU CHI et HOANG DANG, la Troupe du Ballet Impérial de Hué, les artistes de l'Ecole Supérieure des Arts de Hanoï)
- l'Association a aussi reçu un certain nombre de Huéens en mission ou en stage de formation en France, et pendant un certain temps, aidé de façon bénévole, des familles françaises à adopter des enfants à Hué.

Outre l’Association des Amis de Hué et le Codev Viet Phap, LE HUY Can a également coopéré avec Bretagne-Vietnam, SOS / Enfants sans frontières, Enfance-Espoir, FCVCL et d'autres Associations venant du Nord - Pas de Calais, de Poitou Charente, de Montpellier ....

Hommage de Codev Viet Phap

Cher ami LE HUY CAN, au nom de l’association Codev-Viet-Phap, je te rends hommage, tu resteras pour chacun d’entre nous « CAN » l’infatigable ambassadeur de la cause des enfants au Vietnam et de ta terre natale.
En 1988, tu nous as sollicités pour qu’une coopération s’instaure entre l’association CODEV et la Ville de HUE . C’est toute une équipe d’une vingtaine de personnes qui a rapidement répondu à ta démarche. Puis des centaines qui nous ont rejoints.
Tu nous as fait connaître la réalité du Vietnam qui entamait son ouverture sur le monde, avec ses forces et ses faiblesses.
Ainsi tu nous as permis de tisser des liens amicaux et durables avec de nombreux Vietnamiens, des jeunes et des anciens. Nous tenons à t’exprimer notre gratitude pour nous avoir permis de vivre ces moments enthousiasmant faits de riches rencontres, de partage, de respect mutuel, parfois aussi d’impatience que tu relativisais tout en exerçant des talents de dentellière.
CAN, tu auras été un acteur infatigable de la cause humaniste, cet humanisme capable d’intégrer les différences culturelles.
CAN, tu ne nous as pas vraiment quittés ; les liens qui ont été tissés sont durables en France et au Vietnam ; ensemble nous avons contribué, à notre niveau, à faire tomber des a priori et créer la confiance.
Si tu me permets ce clin d’œil, je suis assuré que là où tu es aujourd’hui, si des êtres ne connaissent pas encore la ville de HUE il ne te faudra pas l’éternité pour les entraîner dans ton sillage.
Au revoir CAN

Françoise Evin et Michel Detot au nom de Codev Viet Phap
Cérémonie d’adieu au cimetière du Père Lachaise


Salarié des Etudes et Recherches d’EDF, Can proposa qu’une aide soit organisée au bénéfice de populations situées à Hué, et organisa un voyage d’étude en Mars 1989. La demande initiale des autorités locales portait sur des questions de fourniture en électricité d’un site isolé de la ville. Une approche plus large fut rapidement organisée, s’étendant aux besoins en matière de santé, de formation, de développement économique mais aussi de coopérations culturelles. La vingtaine de personnes, qui avaient participé à l’étude des besoins à Hué, constitua alors l’association Codev-Viet-Phap au sein du réseau CODEV (Coopération-Développement, créé par un groupe de salariés d’EDF en 1986, pour aider des populations à sortir de la précarité engendrée par le sous-développement de leur pays).

Témoignages de son neveu Tâm


Je suis Hồ Công Tâm, le fils de la soeur de M. Lê Huy Cận.

Mme Bich Hà, directrice de l'hôtel Parkview à Hué, m'avait posé un certain nombre de questions mais, en réalité, de mon oncle je n'en savais que très peu. D'après ce que m'a raconté ma mère de son vivant, d'après les causeries chez nous avec l'oncle Cân chaque fois qu’il revenait au pays, d'après les dires des gens de sa génération et de la famille à Dông Hoi (car actuellement je vis plutôt à Hà Noi), je peux résumer ainsi :

Mon grand-père maternel (le père de l'oncle Cân) s'appelle Lê Huy Tiến : jeune, il faisait du commerce puis, après avoir épousé ma grand'mère, il tenait une officine de médecine chinoise. Il s'occupait beaucoup à faire oeuvre de bienfaisance. Il s'investissait énormément dans l'éducation de ses enfants. Bouddhiste, il était très généreux, toujours prompt à venir en aide aux autres, mais aussi très stricte quant à l'éducation de ses enfants car il voulait par-dessus tout que ceux-ci réussissent brillamment leurs études et cela, l'oncle Cận nous le rappelait souvent pour nous pousser à bien travailler. C'est pour cela que les gens l'aiment beaucoup et l'ont élu chef de notre quartier. Ma grand'mère (la mère de l'oncle Cân) s'appelle Bùi Thị Phùng, était une épouse affectueuse et une mère tendre et dévouée, faisant le commerce du riz et des poissons. Elle n'a eu que 2 enfants. Que mon oncle et ma mère avaient pu poursuivre les études jusqu'au Bac, cela était très rare à l'époque, c'était dû sans nul doute à l'impulsion et aux sacrifices des parents.

Les parents de mon oncle sont décédés assez tôt (la mère en 1949, le père peu après en 1950). A ce moment, mon oncle (19 ans) faisait ses études à Hué et n'avait pas encore son Bac. En 1950, il partit en France pour les études supérieures car il avait obtenu une bourse d'études "Bao Dai" (à l'époque, ma mère n'était pas encore mariée et travaillait pour envoyer de l'argent ainsi économisé à mon oncle).

Pendant ses années d'étudiant en France, l'esprit toujours orienté vers la patrie lointaine, mon oncle a beaucoup participé à des manifestations avec diverses associations toujours dans le but d'œuvrer pour la grande cause de libération nationale.

En 1972, mon oncle ainsi qu’un certain nombre de vietnamiens de France ont été invité par le gouvernement de la République Démocratique du Vietnam pour témoigner de l'atrocité de la guerre que l'impérialisme américain mène au Sud du Vietnam. La délégation a été accueillie par M. Pham Vân Dong et M. Võ Nguyên Giáp. Une visite de la ligne de démarcation, le 17è parrallèle, qui coupait le pays en 2, a été envisagée. Lorsque la délégation a atteint la province de Quang Bình, la bataille y faisait rage et il n'était plus question de continuer vers le Quang Tri. Puis le Gouvernement a ordonné de rebrousser chemin vers Hà Nôi.

Quand il était encore en activité, et même à la retraite, le coeur toujours tourné vers le pays, mon oncle ne s'était jamais arrêté d'agir au sein d'associations humanitaires ou d'organisations pour aider Huế et le Quảng Bình.

En 2001, le président de la République Socialiste du Vietnam l'a décoré de la Médaille de la Résistance de 1ère Classe pour ses activités dans la guerre américaine, pour la libération nationale.

En 2003, mon oncle a reçu un certificat d'honneur du ministère des Affaires Étrangères pour la contribution de son association "Les Amis de Huế " à faire connaître la ville de Huế et à ses efforts pour rapprocher celle-ci avec diverses localités françaises.

Mon oncle voue un amour sans borne et se dévoue complètement à ses enfants. Ma mère m'a souvent raconté : quand Hương Mai était encore nourrisson, elle refusait de prendre le biberon à cause de la tétine en caoutchouc qui était trop dure. Eh bien, mon oncle s'est mis à mâcher le bout de la tétine pendant qu’il travaillait au bureau pour le rendre plus souple afin que Hương Mai puisse enfin têtiner.

A nous aussi, ses neveux, il nous témoigne d'une grande affection.

Son nom de baptême bouddhiste est "Lê Dạt".

Témoignage de Bùi Hùu Lân





C’est un grand choc pour moi quand Mme Ton Nu Nhu Tam m’apprend le décès de Papa.
Je sais depuis longtemps que Papa a un problème de tension artérielle. Si vous avez le temps, faites-moi savoir ce qui s’est passé dans les derniers jours de Papa.
C’est une déchirante épreuve pour vous mais aussi pour moi, car je perds mon ami intime. Nous nous sommes connus quand nous étions dans les lycées de Hué, vers 1949, et nous nous retrouvions à la Cité Universitaire de Paris en 1957. A cette époque, c’était la fin de la guerre d’Indochine mais le Vietnam était séparé en deux Etats. Nous avions les mêmes convictions politiques : il faut que notre pays soit réunifié !
Je suis rentré au Sud Vietnam en 1961, et peu de temps après, j’ai appris le mariage de vos parents. Nous nous écrivions de temps en temps, ayant toujours le même but : la réunification du pays.
C’est après la réunification du pays que je deviens son étroit collaborateur dans l’Amicale des Amis de Hué dont il est le Président.
Hué, ancienne capitale impériale de Vietnam, avec un grand potentiel touristique, est par contre une région pauvre, avec une population cultivée mais démoralisée par une longue guerre. Papa a beaucoup contribué au redressement de la Ville après 1975 et à la mise en valeur de son potentiel touristique. Je pense que la ville de Hué reste toujours reconnaissante de son œuvre.
Papa est le symbole de dévouement : il se dévoue à la réunification du pays dans le cadre des organisations patriotiques vietnamiennes en France de 1955 à 1975 ; il se dévoue au redressement du pays dans le cadre de l’Amicale des Amis de Hué.
C’est un travailleur infatigable et c’est un ami très serviable qui rend volontiers service à tout le monde. Peut-être c’est le fait qu’il travaille trop qui a ruiné sa santé.
Sa vie et son œuvre restent mémorables et c’est une consolation pour vous deux. Vous devez être fiers de votre Papa.
Avec beaucoup d’affection
Bùi Hùu Lân

Lettre de condoléances de Hué


Ville de Hué, le 3 mai 2012



Nous venons de prendre connaissance avec beaucoup d’émotion le décès à Paris de Monsieur LE Huy Can, Président de l’Association des Amis de Hué, d’une crise cardiaque. 

Le pionnier dans les activités humanitaires, le frère, l’oncle respectueux, qui, malgré la distance géographique, est venu à Hué depuis les années 90 et a approché les habitants en difficulté pour les soutenir mentalement et matériellement, est parti à l’éternité. 

Nos sincères condoléances à sa famille et à l’Association des Amis de Hué , nos pensées vous accompagnent dans ce deuil qui vous frappe. 

Nous n’oublierons jamais son image.  

Sincères condoléances de:

· M. NGUYEN Van Cao, Président du Comité populaire de la Province de Thua Thien Hué, ex-président du Comité populaire de la Ville de Hué
· M. NGUYEN Kim Dung, Président du Conseil municipal de Hué
· M. PHAN Trong Vinh, Président du Comité populaire de la Ville de Hué
· M. NGUYEN Van Me, ex-président du Comité populaire de la Ville de Hué, ex- Président du Comité populaire de la Province de Thua Thien Hué
· M. LE Van Anh, ex-président du Comité populaire de la Ville de Hué
· M. NGUYEN Viet Tien, ex-président du Comité populaire de la Ville de Hué
· M. NGUYEN Nhien, Directeur du Centre de Coopération internationale de Hué
et tous ses collègues

LÊ HUY CÂN, une vie à hauteur d'homme


                                   
                Quiconque s’est intéressé au Vietnam, a voulu coopérer avec ce pays, lui apporter une assistance amicale ou tout simplement a eu besoin de s’informer et de comprendre, ne serait-ce que pour s’y rendre en dehors des sentiers battus, a nécessairement, à un moment ou à un autre, croisé le chemin de Lê Huy Cân, en particulier quand il s’agissait du centre, de Dong Hoi dont il était natif et de Hué qu’il aimait tant et où il semblait connaître tout le monde. Installé en France où il avait fait ses études à Supélec, fondé une famille et accédé à de hautes responsabilités d’ingénieur à EDF, il démontrait que l’on peut aimer deux pays dès lors qu’on les comprend de l’intérieur et que l’on agit pour en rapprocher les peuples. Cân le faisait à sa manière, aimable et souriant, attentif à chacun, prêt à aider avec discrétion et ne demandant jamais rien de personnel, si ce n’est pour faire aboutir un projet commun avec cette patiente impatience dont il savait faire montre. Sans doute cela tenait-il au fait que ses grandes capacités d’analyse ne se déployaient jamais de façon doctrinaire, marquées qu’elles étaient de la simplicité, de la modestie et de la sagesse bouddhiques.


                Je n’évoquerai pas les efforts inaboutis que nous avions consacrés ensemble, dans un passé désormais lointain, pour que la coopération bilatérale n’oublie pas le centre du Vietnam (agar-agar, limules, école professionnelle de Hué), mais soulignerai volontiers qu’il ne limitait pas son intérêt aux sciences et aux techniques, qu’il savait promouvoir le festival de l’ancienne capitale impériale, la restauration de ses monuments, la richesse de sa culture, la qualité de ses artistes (Lê Ba Dang, Diem Phùng Thi). Dominique de Miscault pourrait apporter à ce propos de multiples témoignages. Son action, Cân la déployait principalement au sein de l’Association des amis de Hué dont il a été l’un des principaux animateurs, sans s’y borner le moins du monde : projets de coopération d’EDF (Codev), Fraternité chrétienne avec  le Vietnam, et bien d’autres. Il a constamment soutenu notre Association d’amitié franco-vietnamienne, participé à ses rencontres et colloques, sans peut-être que celle-ci ait fait suffisamment appel à ses compétences et prêté attention à ses conseils. Ses obsèques ont été célébrées au cimetière du Père Lachaise, puis en la pagode vietnamienne de Villebon-sur-Yvette, en présence de ses enfants et de ses si nombreux amis. Ses cendres et celles de son épouse seront rapatriées au tombeau des ancêtres à Dong Hoi. Lê Huy Cân a rejoint la Terre pure de l’Ouest. Ceux qui ont eu le privilège de le connaître continueront à entendre sa voix amicale et à s’inspirer de ses actions.


                                                 Patrice JORLAND
                          pour l'Association d'Amitié Franco-Vietnamienne